Space Pharma à Sophia : comment l’espace va révolutionner notre santé

Directeur général de Space Pharma à Sophia, Paul kamoun participait à la conférence “Heath from Space” en début de semaine à Cannes. Il a expliqué comment ses mini labos et ses mini usines en orbite allaient révolutionner la création de nouveaux antibiotiques, traitements, thérapies géniques et l’optimisation des médicaments existants.

Paul Kamoun DG Space Pharma

Associer l’espace à la santé, c’est loin d’être un gadget ou une coquetterie marketing ! C’est même une révolution qui est en cours. Et tout particulièrement dans la création de nouveaux médicaments. C’est ce qu’a montré “Health from Space”, conférence organisée par le CNES, l’ESA et Eurobiomed en début de semaine à Cannes avec les meilleurs experts du domaine. Paul Kamoun, Directeur général de Space Pharma-EU dont le laboratoire R&D est installé à Sophia Antipolis, a expliqué à cette occasion pourquoi et comment l’espace, avec la microgravité, change la donne en matière de santé et de création de médicaments. Interview. (Photo WTM : Paul Kamoun).

Qu’apporte l’absence de gravité ?

Paul Kamoun. "A priori, l’absence de gravité est l’une des seules choses que l’on ne peut reproduire sur terre. On peut reproduire le vide, les températures très basses, on peut reproduire énormément de choses. Mais pas l'absence de gravité. Il est possible de la simuler en partie avec des vols paraboliques. Mais ce n'est pas comparable à l'absence de gravité qu'on trouve dans l'espace. Et dès qu'on passe en l'absence de gravité, alors on entre dans un environnement complètement différent où en fait, tout change."

"La physique, la chimie et la biologie se comportent différemment en absence de gravité. Le grand public n’en a pas forcément conscience et pense que cela tient du gadget. Dans l’espace, on change tout, y compris, par exemple, l'expression des gènes. Elle est différente en l'absence de gravité. Tout comme la façon dont les bactéries se comportent est différente. Ce qui permet d'annuler certains mécanismes pour créer de nouveaux antibiotiques.”

"La microgravité permet de faire des médicaments beaucoup plus purs. Ce qui facilite les essais précliniques qui peuvent se pratiquer sur des organes représentant des paquets de cellules humaines évitant ainsi d'utiliser des animaux. En absence de gravité, tout fonctionne en 3D comme dans le corps humain. En plus, il y a un effet d'accélération dans l'espace. Les essais cliniques peuvent ainsi se faire plus rapidement dans l’espace que sur terre".

"C'est un domaine de développement considérable qui s’ouvre avec des applications pour le développement de nouveaux antibiotiques, traitements, thérapies géniques, pour la création de nouveaux médicaments, l’optimisation des médicaments existants, ou encore pour le changement de médicament injectés en intraveineuse. Exemple avec les anticorps monoclonaux. Ce sont des médicaments fondamentaux pour l'oncologie et qui sont pour la plupart d'entre eux injectés en intraveineuse à l'hôpital. Grâce aux modifications de propriétés que nous sommes capables de faire dans l'espace, il pourront être transformés en sous cutané et administrés à domicile. Cela changera complètement le confort du patient." 

"Pour l'instant, nous touchons à peine le sommet de l'iceberg parce que nous allons pouvoir aussi régénérer des organes, créer de nouveaux organes en 3D avec de l'impression."

Mais concrètement, comment peut-on créer ces nouveaux médicaments dans l’espace ?

Paul Kamoun. "C'est évidemment moins facile dans l’espace que dans un laboratoire terrestre. Notre laboratoire pour l’espace est aussi entièrement automatisé et tout y est miniaturisé et robotisé. Nous préparons la première usine de fabrication d'ingrédients pharmaceutiques à haute valeur ajoutée dans l'espace à partir de 2025-2026 pour un départ à bord de la navette. C’est ce qui est développé entre autres au labo de Sophia."

"Actuellement nous avons réalisé des mini laboratoires de la taille d’une boîte à chaussures. Ils permettent de réaliser des expériences dans l'espace et de renvoyer les données sur terre. Il y en a déjà neuf qui ont été lancées et nous y retournons le 14 mars. Pour la 10ᵉ fois, nous décollons vers la Station spatiale internationale avec en vue des innovations sur les anticorps monoclonaux  en oncologie et les premiers résultats."

"La seconde étape sera celle de la micro usine dans l’espace. De la taille d’un bagage à bord pour avion, elle permettra  alors de ramener sur terre des produits directement pour les industriels. Un sacré challenge et une révolution dans la fabrication de médicaments et la création de nouvelles thérapies."

 

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